L’allaitement, pratique universelle et intemporelle, occupe une place particulière dans les traditions religieuses. Si la Bible et le Coran en soulignent l’importance, leurs approches diffèrent tant dans la forme que dans la portée accordée à ce geste maternel. Alors que les textes bibliques en font un symbole d’amour et de dévotion, le Coran en précise les dimensions juridiques, sociales et spirituelles. Retour sur ces deux visions sacrées de l’allaitement.
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La Bible : une symbolique tendre et naturelle
Dans la tradition biblique, l’allaitement est évoqué comme un acte naturel, empreint de douceur et de sollicitude. Il est présenté comme une expression évidente de l’amour maternel et, par extension, de l’amour divin.
Le livre d’Isaïe (49:15) en offre une illustration : « Une femme oublie-t-elle son nourrisson, cesse-t-elle de chérir le fils de ses entrailles ? Même si celles-là oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas. » Ici, l’image de la mère allaitante sert à décrire la fidélité inébranlable de Dieu envers son peuple. Ce geste simple et vital devient le support d’un message théologique profond.
De même, dans le récit de la naissance de Samuel (1 Samuel 1:23), sa mère Anne déclare : « Quand l’enfant sera sevré, je le mènerai afin qu’il soit présenté devant l’Éternel. » L’allaitement apparaît ici comme une étape normale, préalable au sevrage et à la consécration de l’enfant. Aucune durée n’est fixée, aucune règle imposée : tout repose sur le rythme naturel de la relation entre la mère et l’enfant.
La Bible valorise l’allaitement comme un don de soi, un geste d’amour inscrit dans l’ordre des choses, sans en faire un précepte légal. Sa portée est avant tout affective, morale et symbolique.
Le Coran : un cadre sacré aux implications concrètes
À la différence de la Bible, le Coran aborde l’allaitement sous un angle plus normatif. Il en précise la durée, les conditions et les conséquences juridiques, faisant de cet acte biologique un pilier des relations familiales et sociales en Islam.
Le verset 233 de la sourate Al-Baqara (La vache) dit : «Et les mères, qui veulent donner un allaitement complet, allaiteront leurs bébés deux ans complets. Au père de l'enfant de les nourrir et vêtir de manière convenable. Nul ne doit supporter plus que ses moyens. La mère n'a pas à subir de dommage à cause de son enfant, ni le père, à cause de son enfant. » Cette recommandation divine fixe un cadre temporel précis de deux ans en montrant l’importance d’allaiter son bébé et établit clairement que le soutien du père est prépondérant.
En plus, il y’a la sourate Luqman (31:14) qui dit : « Sa mère l’a porté [subissant pour lui] peine sur peine, et son sevrage a lieu à deux ans. Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu’envers tes parents. » Ce verset indique que l’allaitement maternel est comme un sacrifice et un don de soi de la mère, méritant le respect, la gratitude et le soutien de sa famille.
Rigueur juridique, reconnaissance des droits de la mère, importance des liens sociaux : le Coran fait de l’allaitement un acte aux multiples dimensions, à la fois spirituelles et terrestres. Cette disposition, unique à l’islam, montre à quel point l’allaitement est considéré comme fondateur de liens familiaux durables.
Deux traditions, une même valorisation du geste maternel
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Bible et Coran s’accordent sur la noblesse de l’allaitement, mais leurs approches reflètent des priorités différentes. La Bible en souligne la dimension humaine et symbolique, le Coran en fait un acte régi par des règles précises, intégré dans un système social et religieux complet.
Aujourd’hui encore, ces différences influencent les attitudes et les représentations. Dans les sociétés de tradition chrétienne, l’allaitement relève souvent du choix intime et personnel. Dans les cultures musulmanes, il conserve une dimension communautaire et sacrée, encadrée par le droit et la tradition.
Au-delà des divergences, les deux traditions s’accordent sur l’essentiel : l’allaitement est bien plus qu’un simple fait biologique. Qu’il soit vécu comme un don d’amour ou comme un devoir sacré, il reste, dans les deux cas, un geste profondément humain, porteur de vie et de sens. C’est pourquoi en Côte d’Ivoire, l’UNICEF avec le soutien financier du Canada, sensibilise la population ivoirienne sur l’importance de l’allaitement maternel exclusif de 0 à six mois avec des actions concrètes, telle que la mise en place des groupes de soutien à l’allaitement maternel dans les maternités du pays.


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