Quand j’ai commencé à m’intéresser à l’allaitement maternel exclusif en août 2023, je suis tombé sur des phrases qui revenaient souvent : «Mon lait n’était pas bon.» «Il n’était pas assez nourrissant.» «Le bébé pleurait tout le temps, donc j’ai arrêté.»
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Akanji Musilim et trois femmes du groupe de soutien à l'allaitement maternel du CSU de Diezoukouamekro (Bouaké) |
Et à chaque fois, j’avais l’impression qu’on parlait d’un produit défectueux. Comme si le lait maternel pouvait être "bon" ou "pas bon", comme une bouteille de jus au supermarché.
Alors j’ai creusé. J’ai posé des questions. J’ai lu. Et j’ai compris qu’on touche là à l’un des plus gros malentendus autour de l’allaitement maternel.
Il n’existe pas de «mauvais» lait maternel
Ce qu’on appelle le «bon lait» ou le «mauvais lait», c’est souvent un mélange de doutes, de fatigue, de manque d’information… et parfois de pression sociale.
La vérité, c’est que toutes les femmes produisent un lait adapté à leur bébé. Oui, toutes. Ce lait peut varier selon l’heure de la journée, selon que le bébé est malade, ou même selon son âge, mais il reste parfaitement adapté.
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Akanji Musilim en discussion avec des femmes du groupe de soutien à l'allaitement maternel du CSU de Dar es salam (Bouaké) |
Pourquoi ce mythe persiste-t-il ?
Parce qu’un bébé qui pleure ou qui réclame la plupart du temps est souvent perçu comme un bébé «mal nourri». Alors on doute. On culpabilise. Et autour, certains (souvent avec de bonnes intentions) en rajoutent : «Ton lait est peut-être trop léger…», «Ma fille avait le même problème, elle est passée au lait artificiel et c’était mieux…»
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Les Jeunes Blogueurs avec le groupe de soutien à l'allaitement maternel du CSU de Bendekouassikro (Bouaké) |
Résultat : la mère perd confiance. Et parfois, elle abandonne l’allaitement maternel sans même avoir été accompagnée.
En fait, ce n’est pas le lait, c’est souvent… le contexte. Les difficultés d’allaitement viennent rarement d’un “problème de lait”. Elles viennent : d’une mauvaise position du bébé, d’un manque de mise au sein, d’une fatigue extrême, d’une absence de soutien, ou tout simplement… d’un pic de croissance.
Un bébé qui tête plus souvent, ce n’est pas un bébé mal nourri. C’est un bébé qui stimule la production pour répondre à ses besoins. C’est la nature qui s’ajuste. Pas un bug, une stratégie.
Ce que j’ai compris (et que je veux dire aux mamans)
Si tu allaites, si tu doutes, si tu entends “ton lait n’est pas assez bon”… rappelle-toi ceci :
Ton corps fait exactement ce qu’il faut. Ton lait est vivant, intelligent, évolutif. Ce n’est pas un produit standard. C’est un concentré d’anticorps, d’amour et d’adaptation.
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Les Jeunes Blogueurs et le groupe de soutien à l'allaitement maternel du CSU de Diezoukouamekro (Bouaké) |
Et si tu rencontres des difficultés, ce n’est pas une défaite. Ce n’est pas une preuve que tu es “nulle”. C’est juste un signal : tu as besoin d’aide, pas d’un jugement.
Je ne juge pas, je ne veux que casser le doute. Derrière ce mythe du “bon lait”, il y a un doute insidieux qu’on a laissé s’installer dans la tête de certaines femmes. Et ce doute, il est injuste. Il est violent.
Alors si tu lis cet article, et que tu veux soutenir une mère allaitante : ne parle pas de la qualité de son lait. Parle-lui de sa force, de son courage, de ses besoins. Et propose-lui de l’aide, pas un substitut. En Côte d’Ivoire, l’UNICEF en partenariat avec le gouvernement ivoirien sensibilise et accompagne les mères à pratiquer l’allaitement maternel exclusif de 0 à 6 mois du bébé grâce au soutien financier du Canada avec l'installation des groupes de soutien à l'allaitement maternel dans les maternités du pays.
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